En septembre 2021, un mois après avoir pris le pouvoir en Afghanistan, les talibans, qui avaient dénoncé la corruption de l’ancien régime tout en louant leur propre transparence, avaient annoncé la découverte de 12,3 millions de dollars en espèces et de lingots d’or.

La Banque centrale afghane avait communiqué cette information, affirmant que ces biens provenaient de hauts responsables de l’ancien gouvernement, dont Amrullah Saleh, l’ex-vice-président, ainsi que d’agences de sécurité.

Ces fonds avaient été transférés « dans les caisses nationales » par le nouveau régime, rebaptisé « Emirat islamique », en affirmant vouloir agir au nom de la « transparence ».

Une corruption enracinée sous l’ancien régime

La Banque centrale avait précisé ne pas savoir à l’époque dans quel but ces fonds et lingots avaient été conservés.

Sous le gouvernement de l’ancien président Ashraf Ghani, la corruption était généralisée et endémique.

De nombreuses accusations faisaient état de détournements de fonds publics, notamment des aides internationales.

Ashraf Ghani lui-même avait été accusé d’avoir emporté plusieurs millions de dollars en fuyant à Abu Dhabi, accusations qu’il avait catégoriquement niées.

Une crise financière sans précédent

Cette annonce survenait alors que l’Afghanistan faisait face à une pénurie aiguë de liquidités, aggravée par la suspension des aides de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, ainsi que par le gel des réserves de la Banque centrale afghane détenues aux États-Unis.

Pour éviter l’effondrement du système bancaire, les talibans avaient limité les retraits bancaires à 200 dollars par personne et par semaine, plongeant de nombreux Afghans dans une grave crise économique.