C’est une ambiance de fin de règne qui flotte sur Matignon ce dimanche. Entre ultimatums, menaces de censure, et lignes rouges tracées à coups de marqueur indélébile, le gouvernement de Michel Barnier vacille sur son texte budgétaire 2025.

En face, Marine Le Pen et le Rassemblement National (RN) affûtent leurs arguments… et leurs couteaux.

Le RN passe à l’attaque

Marine Le Pen n’y va pas par quatre chemins : « La censure n’est pas inéluctable, mais il faut que monsieur Barnier accepte de négocier. » Traduction : « Donnez-nous ce qu’on veut ou on appuie sur le bouton rouge. »

Parmi leurs exigences ? L’abandon de la désindexation partielle des retraites sur l’inflation et un retour en arrière sur le déremboursement de certains médicaments. Après avoir obtenu le retrait de la hausse des taxes sur l’électricité, le RN veut prouver qu’il ne lâchera rien.

Le député lepéniste Jean-Philippe Tanguy parle même de « contrat social » à propos des retraites, tandis que Jordan Bardella déclare que le gouvernement a « mis fin aux négociations ».

Bref, chez le RN, on souffle le chaud et le froid, mais une chose est sûre : ils tiennent leur ligne.

Un gouvernement dans les cordes

Face à cette pression, Michel Barnier joue la montre, tandis que son ministre des Comptes publics Laurent Saint-Martin rappelle que censurer ce texte, fruit d’un compromis entre sénateurs et députés, serait « censurer un accord démocratique ». Noble, mais pas sûr que ça calme les esprits.

Et si Barnier choisit l’option nucléaire - le fameux 49.3 - pour faire passer le texte sans vote ? Il s’exposerait à une motion de censure qui pourrait tomber dès mercredi.

Avec la gauche et l’extrême droite prêtes à s’unir pour renverser le gouvernement, l’ombre d’une chute historique plane.

Une chute qui ferait écho à celle de Georges Pompidou en 1962. Rien que ça.

Le suspense continue

Pour l’instant, le gouvernement garde le silence, espérant peut-être un miracle de dernière minute.

Mais dans cette partie de poker budgétaire, tout le monde sait que les cartes sont sur la table. Barnier bluffe-t-il avec le 49.3 ? Le RN ira-t-il jusqu’au bout ?

Une chose est certaine : ce budget 2025 risque de laisser des traces, que ce soit dans les rangs du gouvernement… ou dans les livres d’histoire.