La loi martiale a été utilisée à plusieurs reprises en Corée du Sud
La loi martiale en Corée du Sud, utilisée à plusieurs reprises au cours du XXe siècle, confère des pouvoirs étendus aux autorités militaires en période de crise grave, comme une guerre, une insurrection ou des troubles majeurs.
Sous la loi martiale, les droits civils peuvent être suspendus, les tribunaux militaires remplacent les tribunaux civils, et les forces armées prennent le contrôle des administrations locales et nationales.
Un exemple marquant est celui du massacre de Gwangju en 1980, lorsque le gouvernement militaire dirigé par Chun Doo-hwan a proclamé la loi martiale pour réprimer un soulèvement démocratique. Les troupes ont violemment dispersé les manifestants, faisant officiellement plus de 600 morts, bien que certains estiment le bilan réel beaucoup plus élevé. Cet événement a galvanisé le mouvement pour la démocratie en Corée du Sud, menant finalement à la fin de la dictature militaire en 1987.
Depuis cette époque, la loi martiale n’a plus été utilisée, et la constitution sud-coréenne encadre désormais strictement son application, stipulant que son usage doit être approuvé par l’Assemblée nationale.
Cela reflète une transition vers une démocratie plus stable, bien que le souvenir de son utilisation abusive reste gravé dans la mémoire collective.
En décembre 2024, la Corée du Sud a été le théâtre d'une crise politique majeure lorsque le président Yoon Suk-yeol a proclamé la loi martiale, invoquant la nécessité de protéger le pays contre des "forces communistes nord-coréennes" et des éléments "anti-État".
Cette décision est intervenue dans un contexte de blocage politique, marqué par le rejet de propositions budgétaires et des tentatives de destitution de procureurs impliqués dans des scandales.
La proclamation de la loi martiale a entraîné la suspension des activités politiques, y compris celles de l'Assemblée nationale et des partis politiques, ainsi que la mise sous contrôle militaire des médias.
Cependant, cette mesure a suscité une opposition immédiate. Des manifestations ont éclaté, et l'Assemblée nationale, malgré les tentatives de blocage par les forces militaires, a réussi à se réunir. Dans la nuit du 3 au 4 décembre, 190 législateurs présents ont voté à l'unanimité en faveur de la levée de la loi martiale.
Face à cette résistance, le président Yoon a levé la loi martiale après environ six heures de mise en vigueur. Cette tentative infructueuse de concentration du pouvoir a conduit à des appels à sa démission et à des procédures de destitution. Le 14 décembre, l'Assemblée nationale a voté sa destitution, le suspendant de ses fonctions en attendant la décision finale de la Cour constitutionnelle.
Cette crise a mis en lumière les tensions politiques persistantes en Corée du Sud et a suscité des préoccupations quant à la stabilité démocratique du pays.