Cyclone à Mayotte : L’île menacée par les épidémies
Curieux : Que s’est-il passé à Mayotte ?
Expert : Le cyclone Chido a frappé l’île samedi dernier avec des rafales à plus de 220 km/h. Il a détruit des habitations, arraché des toits et déraciné des arbres. Maintenant, c’est une double crise : humanitaire et sanitaire.
Curieux : Pourquoi une crise sanitaire ?
Expert : Le cyclone a endommagé les infrastructures d’eau potable et d’assainissement. Les eaux usées se mélangent à l’eau potable, ce qui favorise les maladies comme le choléra, la gastro-entérite ou l’hépatite A.
Curieux : Donc il y a un risque d’épidémie ?
Expert : Oui, c’est même très probable. Mayotte sort tout juste d’une épidémie de choléra, et la promiscuité dans les abris précaires aggrave les risques. En plus, les précipitations laissent des eaux stagnantes où les moustiques, vecteurs de la dengue et du chikungunya, se multiplient rapidement.
Curieux : Et le système de santé, il peut gérer ça ?
Expert : Pas vraiment. Avant le cyclone, la situation était déjà critique : un seul hôpital pour presque toute l’île, des centres de santé endommagés, et seulement 260 médecins pour 300 000 habitants. Avec les blessés du cyclone et l’état des infrastructures, le système de santé est quasiment paralysé.
Curieux : Et pour les habitants ?
Expert : C’est très compliqué. Beaucoup de gens n’ont plus d’accès à de l’eau potable ni à des soins. Certains vont chercher de l’eau directement à la rivière, ce qui augmente les risques d’infection.
Curieux : Et les migrants dans tout ça ?
Expert : Près d’un tiers de la population est en situation d’immigration clandestine. Ces personnes ont peur d’être expulsées si elles se rendent dans les centres de soins. Cela risque d’aggraver la propagation des maladies si elles ne se font pas soigner.
Curieux : Comment l’État peut-il agir ?
Expert : Il faut répondre rapidement et globalement. Les ONG et les autorités locales appellent à fournir de l’eau potable, renforcer les soins, et éviter de stigmatiser les populations précaires pour limiter la crise.
Curieux : Et les prévisions ?
Expert : Pour l’instant, Santé publique France surveille la situation, mais les chiffres pourraient être sous-évalués si les gens ne se signalent pas. Tout dépend de la rapidité et de l’efficacité de l’aide humanitaire.
Curieux : C’est un vrai appel à l’urgence, non ?
Expert : Absolument. Mayotte est au bord du précipice, et si rien n’est fait, les épidémies pourraient s’ajouter au désastre causé par le cyclone.