En Russie, de nombreuses canalisations datent de l'ère soviétique
En Russie, de nombreuses canalisations datant de l'ère soviétique, construites entre les années 1950 et 1980, sont aujourd'hui en état de délabrement avancé.
Ces infrastructures vieillissantes entraînent des pannes fréquentes, notamment en période hivernale, où les températures extrêmes mettent à rude épreuve les systèmes de chauffage urbain.
Par exemple, en janvier 2024, une rupture de canalisation à Novossibirsk, en Sibérie, a créé un impressionnant geyser d’eau et de vapeur, privant de chauffage plus de 150 bâtiments alors que le mercure était tombé à -25 degrés Celsius.
Cet incident s'ajoute à une série de pannes similaires survenues dans diverses régions de Russie au cours de l'hiver, illustrant la fragilité des infrastructures héritées de l'époque soviétique.
La modernisation de ces réseaux est un défi majeur pour les autorités russes. Selon Marat Khousnoulline, vice-premier ministre russe, le coût estimé pour la rénovation complète du système de chauffage urbain s'élèverait à environ 50 milliards de dollars.
Cependant, les investissements nécessaires sont souvent retardés en raison de contraintes budgétaires et de priorités concurrentes, notamment les dépenses militaires liées aux engagements internationaux de la Russie.
En attendant une rénovation complète, des mesures temporaires sont mises en place, comme les coupures d'eau chaude durant l'été pour effectuer des travaux d'entretien. Ces interruptions, qui peuvent durer de trois à quatorze jours, sont une pratique courante visant à prolonger la durée de vie des infrastructures existantes.
L’envers du décor d’une économie chauffée à blanc par la guerre, au détriment de tout le reste, se manifeste en Russie par un investissement massif dans le secteur militaire au détriment des infrastructures civiles.
En 2023, les dépenses militaires ont atteint 90 milliards de dollars, soit près de 4 % du PIB, tandis que les secteurs de la santé, de l’éducation et de la rénovation des infrastructures vieillissantes, comme les réseaux de chauffage et d’eau, les ponts et les routes, restent largement sous-financés.
Selon des experts locaux, 30% des réseaux de chauffage russes sont aujourd’hui considérés comme vétustes ou dangereux, mais les fonds nécessaires pour leur rénovation sont redirigés vers les besoins militaires.
Ce déséquilibre met en lumière les sacrifices imposés à la population dans une économie focalisée sur l’effort de guerre.
L’année dernière, plus de 3 millions de personnes ont subi des coupures d’eau, d’électricité et de chauffage en raison d’accidents sur les réseaux d’énergie.